Media et Abductions - L'interview de Stéphane ALLIX - Karmapolis - Mai 2005
Venu
du monde du grand reportage -principalement en Afghanistan- pour se
retrouver plongé dans l'étrange univers des abductions extraterrestres
et de John Mack, Stéphane Allix s'est attelé à la tâche pour le moins
difficile de livrer à la chaîne du câble “13e rue” un documentaire de
52 minutes sur les enlèvements extraterrestres intitulé “Enlevés” et
qui sera diffusé le 13 juin 2005. Nous allons enfin avoir droit à un
produit sobre, non sensationnaliste qui pourra attirer l'attention du
plus grand nombre sur l'importance du phénomène des enlèvements
extraterrestres. Il ne s'agit ni d'une vaste fumisterie, ni d'un
fantasme issu d'un imaginaire collectif détraqué.
Bien que de
plus en plus popularisé par des séries télévisées comme « Taken »
(Spielberg) ou « X Files », les enlèvements extraterrestres, véritable
phénomène social qui a pris aux Etats-Unis des proportions épidémiques,
sont souvent cantonnés dans le ghetto conspirationniste ou paranormal.
Une sorte de phénomène de foire qui suscite des moqueries et qui,
pourtant, a soulevé un vif intérêt dans certains milieux de la
recherche psychiatrique américaine. On a des difficultés, à priori, à
comprendre pourquoi et comment un journaliste professionnel doté d'un
pedigree solide s'est soudain focalisé sur un sujet aussi controversé
qui va susciter le plus souvent un rire amusé et un cynisme de bon aloi
auprès du commun des mortels. Jusqu'il y a peu, vous auriez plutôt
trouvé Allix sur les routes de l'héroïne dans les zones tribales du
Pakistan, dans les champs de pavots en Afghanistan, dans des bureaux de
police anti-drogue ou dans les chambres miteuses de junkies russes
(lire à ce sujet “Carnets afghans” Stéphane Allix, Robert Laffont,
1998). Les rapports entre la guerre en Afghanistan, le terrorisme, le
trafic de drogue et les abductions semblent à première vue très ténus,
si pas inexistants et pourtant, comme le fait remarquer l'intéressé, “
c'est quelque part la même chose ”. On se retrouve projeté dans des
univers multiformes, quelque peu occultes, clos, faisant l'objet de
manipulations et où les choses ne sont pas ce qu'elles semblent être.
De même, que cela soit le monde des consommateurs de drogues ou de
victimes d'abduction, il s'agit d'une incursion dans le domaine de
l'exploration des états modifiés de la conscience. On peut donc dire
qu'il y a des points communs dans l'émotionnel, le “hors frontière” et
la possible manipulation.
Lors de l'entretien auquel il a
accepté de participer non sans réticences légitimes (après tout, il ne
nous connaît pas), Stéphane Allix souligne avec insistance le fait
qu'il ne se présente absolument pas comme “un expert autorisé” dans ce
genre de sujet, une sorte de professionnel comme pourrait l'être
Marie-Thérèse de Brosses. “ J'ignore si je peux vraiment vous être
utile. Ne comptez pas sur moi pour vous livrer mon opinion personnelle
que je garde pour moi. Je ne peux vous en parler qu'en tant que
journaliste, qu'en tant qu'observateur. Je tiens à conserver cette
position ”. Tout comme il ajoute qu'il ne faut pas compter non plus sur
lui pour parler des théories du complot qui gravitent autour du sujet :
“ Je n'ai rien à dire là-dessus. J'ai voulu dans mon travail, bien
faire la part des choses, ne pas mélanger les genres. D'ailleurs, cela
m'énerve de donner corps à toutes ces interprétations sur les théories
du complot. Cela ne m'intéresse absolument pas ”. Pour que les choses
soient claires, Allix accepte avec prudence de nous livrer ses
impressions dans la mesure où l'on demande au journaliste de nous dire
ce qui l'a amené à s'intéresser aux abductions et ce qu'il a pu
constater sur le terrain. De toute évidence, Allix n'est pas fasciné
par le contenu, les détails des témoignages des abductés, la récolte
des preuves potentielles de l'existence du phénomène mais bien plutôt
par le fait qu'un très large nombre de victimes d'évènements
traumatiques livrent, à bout de ressources, à des professionnels de la
santé mentale des récits souvent similaires et ce, quelles que soient
leurs origines nationales, sociales et culturelles. Il ne faut pas nier
que c'est également la personnalité intègre et la compétence
professionnelle de John Mack, un psychiatre américain de Harvard
aujourd'hui décédé qui a attiré Allix.: “ Le fait qu'un homme de cette
envergure doté d'un tel parcours académique et professionnel et qui n'a
pas hésité à mettre en danger sa carrière m'a vraiment fasciné ”. Ce
qui attire aussi l'attention de Stéphane Allix est le réflexe premier
des gens de refuser parfois avec véhémence l'existence de ce genre de
phénomène : “Ce refus est une chose qui m'intéresse vraiment… Pourtant,
il y a dans notre monde un très grand nombre de ce que l'on appelle
“des anomalies”… La science et l'étude de la mécanique quantique
s'ouvrent à cela aujourd'hui et c'est fascinant ” nous dit-il. Enfin et
surtout, il y a la souffrance, le traumatisme profond de toutes ces
victimes qui se passeraient bien de ce genre d'expériences et qui
tentent de transcender leur trauma avec des moyens expérimentaux issus
des travaux des thérapeutes. A ce titre, Allix calque ses motivations
sur celles qui animèrent Mack : dépasser le côté sensationnaliste, ne
pas se focaliser sur le travail un peu obsessionnel de la recherche de
preuves matérielles pour préférer la fragilité de l'âme humaine et son
incroyable sens de la survie et de l'adaptation lorsqu'elle est
confrontée au traumatisme.
Une dernière remarque à propos du
film d'Allix : il s'agit sans doute de la dernière apparition publique
de John Mack puisqu'en plein tournage, le psychiatre décédait, victime
d'un accident de voiture provoqué par un chauffard ivre. A cette
époque, Mack avait changé de champ d'investigation, s'intéressant aux
recherches sur les hypothèses de survie de la conscience mais
conservait néanmoins un intérêt marqué pour les victimes d'enlèvements
extraterrestres puisqu'il avait accepté de collaborer au projet
d'Allix. Malheureusement, le décès de Mack allait empêcher au film de
prendre toute l'ampleur qui avait été initialement décidée. Mais ce
n'est sans doute que partie remise.
Pour ceux qui ne sont pas
desservis par les chaînes à péage comme 13 ième rue, le film sera peut
être projeté à l'occasion d'une séance unique aux Palais des Beaux-Arts
de Bruxelles. Mais il ne s'agit encore que d'un projet que nous
suivrons de près.
Ce qui a motivé Karmapolis dans cette
interview est cette rare opportunité qui nous est offerte de pouvoir
demander l'avis d'un “représentant” intègre des “mainstream” medias,
d'un néophyte complet en ce domaine qui n'a pas encore eu l'esprit
accoutumé et déformé à la longue par la fréquentation du petit monde
des ufologues et des conspirationnistes. Nous avons voulu vous livrer
le regard “vierge” d'un journaliste prudent qui n'a pas envie d'être
victime de manipulations, d'intoxications. Un regard très prudent mais
qui n'empêche pas l'intéressé d'être profondément optimiste et
enthousiaste. Non pas que nous pourrions découvrir soudainement que les
extraterrestres existent et nous veulent du bien mais plutôt que
l'intérêt porté par des scientifiques sur le sujet des “enlevés” est
significatif d'un intérêt de la science pour des domaines plus hors
normes. Le fait justement que la science, surtout la science physique
s'intéresse aux “anomalies” des particules quantiques, aux systèmes
“chaotiques” mais aussi aux mystères de la conscience, des phénomènes
de synchronicité montrent peut-être que nous ne sommes pas loin
d'embrasser un nouveau paradigme. D'où l'optimisme du journaliste.
Cette interview complètera à merveille l'entretien que nous a accordé
Withley Strieber, sans doute la victime d'abductions la plus médiatisée
et la plus controversée. On sera loin des profils plus discrets,
timides et sobres des “clients” de John Mack. Voici donc de larges
extraits de cet entretien informel que nous avons eu avec Stéphane
Allix dans un salon de thé du centre de Bruxelles par un pluvieux
samedi d'avril.
Karma One
L'interview de Stéphane Allix par Karma One et Karmatoo
Karmapolis: Comment en êtes-vous venu à vous intéresser au phénomène des abductions extraterrestres ?
Stéphane
Allix: C'est une progression lente, au fur et à mesure que j'ai
découvert le phénomène. L'idée de départ était de faire une émission
sur les “anomalies”, sur des expériences scientifiques en mécanique
quantique, en astrophysique, tous ces domaines très réels et très
concrets de la science qui remettent en question nos conceptions de la
réalité. Ce à quoi nous donnent accès toutes ces dernières découvertes
n'est en fait pas intégré dans notre réalité au quotidien, dans notre
perception de la réalité. Ce sont des nouvelles conceptions des choses
à propos de nos dépendances les uns par rapport aux autres et je
trouvais cela assez fascinant. Moi, j'aime les frontières, j'aime ce
qui remet en question ce que l'on croit être certain. Donc, j'ai
commencé à m'intéresser à ces questions-là avec comme thème sous
jacent, l'hypothèse d'une vie extraterrestre. Une accroche « grand
public » et attrayante. J'ai pris parti, il y a 2 ans de cela, de tout
acheter –tous les livres possibles- aussi bien dans le domaine
scientifique que dans le domaine de la vie extraterrestre. Mais le
phénomène Ovni, extraterrestre était au départ inexistant pour moi. Je
n'avais aucun à priori. J'ai entrepris de lire tout ce qu'il y avait à
lire en France : des choses les plus « rigolotes » comme “les
extraterrestres m'ont expliqué l'Atlandide” à des livres comme ceux de
Pierre Guérin, ceux d'Aimé Michel ou celui de Peter Sturrock et à ma
grand surprise, j'ai découvert que des gens extrêmement sérieux comme
des astrophysiciens, des physiciens, des gens du rapport Cometa. Des
gens donc sérieux existaient et auxquels, moi, en tant que journaliste
d'investigation, je pouvais me raccrocher. Ceux-ci se sont donc penchés
sur le phénomène sans à priori. On s'aperçoit alors qu'il y a un
certain nombre de cas dont l'importance était notable et qui recevait
une explication. Cela m'a fasciné. Au-delà de l'émotion, des préjugés,
de tous les fantasmes, des gens sérieux travaillent manifestement sur
un phénomène sérieux qui demande le plus d'enquêtes possibles…. Après
quelques mois d'étude, je me trouve confronté à un phénomène fascinant,
durable qui n'est pas une illusion ou qui ne se confond pas avec un
aspect culturel causé par exemple par un manque de spiritualité dans
notre société et une nouvelle façon de l'exprimer. Cela n'était pas du
tout ça. Les abductions sont un phénomène réel qui soulève tant de
questions. Il y avait lieu de se demander: « So what… ? Qu'est-ce qu'il
y a derrière ces abductions ? ». Je lis de plus en plus. Il y a un an
et demi, je découvre le livre de Marie Thérèse de Brosse. Mon premier
réflexe a été de le déposer et de ne plus le lire. Mais je me force, je
le lis et je découvre que c'est assez sérieux…
Karmapolis: Vous n'y croyez donc pas du tout au départ ?
Stéphane
Allix : Oui, au départ, quand on me dit qu'il y a des hommes qui ont
été enlevés par des petits êtres qui sont des extraterrestres, je ne
peux pas accepter cela. Je me force donc à lire ces témoignages et ces
livres. Je tombe ensuite sur Bud Hopkins mais surtout sur John Mack .
John Mack m'attire plus. Bud Hopkins a certes 30 ans études et de
recherches avec des enlevés, il a une expertise sur la durée mais c'est
un artiste peintre. Dans mon esprit, cela reste un artiste qui étudie
ce phénomène là. Mais avec John Mack, c'est plus sérieux. C'est un
psychiatre, un prix Pulitzer, c'est quelqu'un qui a pris des risques
professionnels considérables. Et cela m'a fort intrigué. En lisant son
livre, je suis assez surpris par son approche clinique du phénomène et
par les 13 cas au moins qui y sont détaillés. Je suis vraiment très
intrigué. A ce moment là, je venais de faire à nouveau un reportage sur
la drogue pour VSD et un peu dans l'expectative, je propose au
rédacteur en chef de faire un portait de John Mack. A ma grande
surprise, ce rédacteur qui me connaissait un peu de réputation se dit:
«Tiens, il veut faire un reportage sur John Mack, c'est étrange » .
Surtout, je lui présente ce psychiatre comme quelqu'un qui est loin
d'être farfelu et cela l'intrigue aussi. Donc, me voilà parti 10 jours
plus tard pour Boston afin de rencontrer John Mack ainsi qu'un certain
nombre d'enlevés qui avaient été ses anciens patients. Je fais un
premier papier dans VSD. John me semble être une des personnes les plus
crédibles et les plus bouleversantes mais je le répète, c'est un choix
personnel, subjectif. C'est également un point de vue d'écrivain car
j'écris aussi un livre sur le sujet afin de partager cette nouvelle
expérience de façon plus profonde. Au départ donc, je ne suis pas du
tout familiarisé avec ce sujet des enlèvements, j'ignore en fait de
quoi il s'agit. Je suis aujourd'hui convaincu qu'il s'agit d'un
phénomène extérieur aux personnes elles-mêmes et non pas généré par une
sorte de « jus de cerveau » ou je ne sais quel dérèglement pathologique
quelconque. C'est aussi ce que John a exposé. Maintenant, de quoi
s'agit-il vraiment, je n'en ai aucune idée. Est-ce qu'il s'agit
vraiment d'extraterrestres, je n'en sais rien également. Mais la
négation pure et simple, par principe, qu'il se passe quelque chose
auprès de ces gens m'énerve. Je trouve même que c'est malhonnête
intellectuellement parlant. Surtout avec des gens comme John Mack et la
crédibilité personnelle et scientifique qu'il peut amener alors qu'il a
pris le risque de se suicider professionnellement! Car cela a été le
cas.
Venu
du monde du grand reportage -principalement en Afghanistan- pour se
retrouver plongé dans l'étrange univers des abductions extraterrestres
et de John Mack, Stéphane Allix s'est attelé à la tâche pour le moins
difficile de livrer à la chaîne du câble “13e rue” un documentaire de
52 minutes sur les enlèvements extraterrestres intitulé “Enlevés” et
qui sera diffusé le 13 juin 2005. Nous allons enfin avoir droit à un
produit sobre, non sensationnaliste qui pourra attirer l'attention du
plus grand nombre sur l'importance du phénomène des enlèvements
extraterrestres. Il ne s'agit ni d'une vaste fumisterie, ni d'un
fantasme issu d'un imaginaire collectif détraqué.
Bien que de
plus en plus popularisé par des séries télévisées comme « Taken »
(Spielberg) ou « X Files », les enlèvements extraterrestres, véritable
phénomène social qui a pris aux Etats-Unis des proportions épidémiques,
sont souvent cantonnés dans le ghetto conspirationniste ou paranormal.
Une sorte de phénomène de foire qui suscite des moqueries et qui,
pourtant, a soulevé un vif intérêt dans certains milieux de la
recherche psychiatrique américaine. On a des difficultés, à priori, à
comprendre pourquoi et comment un journaliste professionnel doté d'un
pedigree solide s'est soudain focalisé sur un sujet aussi controversé
qui va susciter le plus souvent un rire amusé et un cynisme de bon aloi
auprès du commun des mortels. Jusqu'il y a peu, vous auriez plutôt
trouvé Allix sur les routes de l'héroïne dans les zones tribales du
Pakistan, dans les champs de pavots en Afghanistan, dans des bureaux de
police anti-drogue ou dans les chambres miteuses de junkies russes
(lire à ce sujet “Carnets afghans” Stéphane Allix, Robert Laffont,
1998). Les rapports entre la guerre en Afghanistan, le terrorisme, le
trafic de drogue et les abductions semblent à première vue très ténus,
si pas inexistants et pourtant, comme le fait remarquer l'intéressé, “
c'est quelque part la même chose ”. On se retrouve projeté dans des
univers multiformes, quelque peu occultes, clos, faisant l'objet de
manipulations et où les choses ne sont pas ce qu'elles semblent être.
De même, que cela soit le monde des consommateurs de drogues ou de
victimes d'abduction, il s'agit d'une incursion dans le domaine de
l'exploration des états modifiés de la conscience. On peut donc dire
qu'il y a des points communs dans l'émotionnel, le “hors frontière” et
la possible manipulation.
Lors de l'entretien auquel il a
accepté de participer non sans réticences légitimes (après tout, il ne
nous connaît pas), Stéphane Allix souligne avec insistance le fait
qu'il ne se présente absolument pas comme “un expert autorisé” dans ce
genre de sujet, une sorte de professionnel comme pourrait l'être
Marie-Thérèse de Brosses. “ J'ignore si je peux vraiment vous être
utile. Ne comptez pas sur moi pour vous livrer mon opinion personnelle
que je garde pour moi. Je ne peux vous en parler qu'en tant que
journaliste, qu'en tant qu'observateur. Je tiens à conserver cette
position ”. Tout comme il ajoute qu'il ne faut pas compter non plus sur
lui pour parler des théories du complot qui gravitent autour du sujet :
“ Je n'ai rien à dire là-dessus. J'ai voulu dans mon travail, bien
faire la part des choses, ne pas mélanger les genres. D'ailleurs, cela
m'énerve de donner corps à toutes ces interprétations sur les théories
du complot. Cela ne m'intéresse absolument pas ”. Pour que les choses
soient claires, Allix accepte avec prudence de nous livrer ses
impressions dans la mesure où l'on demande au journaliste de nous dire
ce qui l'a amené à s'intéresser aux abductions et ce qu'il a pu
constater sur le terrain. De toute évidence, Allix n'est pas fasciné
par le contenu, les détails des témoignages des abductés, la récolte
des preuves potentielles de l'existence du phénomène mais bien plutôt
par le fait qu'un très large nombre de victimes d'évènements
traumatiques livrent, à bout de ressources, à des professionnels de la
santé mentale des récits souvent similaires et ce, quelles que soient
leurs origines nationales, sociales et culturelles. Il ne faut pas nier
que c'est également la personnalité intègre et la compétence
professionnelle de John Mack, un psychiatre américain de Harvard
aujourd'hui décédé qui a attiré Allix.: “ Le fait qu'un homme de cette
envergure doté d'un tel parcours académique et professionnel et qui n'a
pas hésité à mettre en danger sa carrière m'a vraiment fasciné ”. Ce
qui attire aussi l'attention de Stéphane Allix est le réflexe premier
des gens de refuser parfois avec véhémence l'existence de ce genre de
phénomène : “Ce refus est une chose qui m'intéresse vraiment… Pourtant,
il y a dans notre monde un très grand nombre de ce que l'on appelle
“des anomalies”… La science et l'étude de la mécanique quantique
s'ouvrent à cela aujourd'hui et c'est fascinant ” nous dit-il. Enfin et
surtout, il y a la souffrance, le traumatisme profond de toutes ces
victimes qui se passeraient bien de ce genre d'expériences et qui
tentent de transcender leur trauma avec des moyens expérimentaux issus
des travaux des thérapeutes. A ce titre, Allix calque ses motivations
sur celles qui animèrent Mack : dépasser le côté sensationnaliste, ne
pas se focaliser sur le travail un peu obsessionnel de la recherche de
preuves matérielles pour préférer la fragilité de l'âme humaine et son
incroyable sens de la survie et de l'adaptation lorsqu'elle est
confrontée au traumatisme.
Une dernière remarque à propos du
film d'Allix : il s'agit sans doute de la dernière apparition publique
de John Mack puisqu'en plein tournage, le psychiatre décédait, victime
d'un accident de voiture provoqué par un chauffard ivre. A cette
époque, Mack avait changé de champ d'investigation, s'intéressant aux
recherches sur les hypothèses de survie de la conscience mais
conservait néanmoins un intérêt marqué pour les victimes d'enlèvements
extraterrestres puisqu'il avait accepté de collaborer au projet
d'Allix. Malheureusement, le décès de Mack allait empêcher au film de
prendre toute l'ampleur qui avait été initialement décidée. Mais ce
n'est sans doute que partie remise.
Pour ceux qui ne sont pas
desservis par les chaînes à péage comme 13 ième rue, le film sera peut
être projeté à l'occasion d'une séance unique aux Palais des Beaux-Arts
de Bruxelles. Mais il ne s'agit encore que d'un projet que nous
suivrons de près.
Ce qui a motivé Karmapolis dans cette
interview est cette rare opportunité qui nous est offerte de pouvoir
demander l'avis d'un “représentant” intègre des “mainstream” medias,
d'un néophyte complet en ce domaine qui n'a pas encore eu l'esprit
accoutumé et déformé à la longue par la fréquentation du petit monde
des ufologues et des conspirationnistes. Nous avons voulu vous livrer
le regard “vierge” d'un journaliste prudent qui n'a pas envie d'être
victime de manipulations, d'intoxications. Un regard très prudent mais
qui n'empêche pas l'intéressé d'être profondément optimiste et
enthousiaste. Non pas que nous pourrions découvrir soudainement que les
extraterrestres existent et nous veulent du bien mais plutôt que
l'intérêt porté par des scientifiques sur le sujet des “enlevés” est
significatif d'un intérêt de la science pour des domaines plus hors
normes. Le fait justement que la science, surtout la science physique
s'intéresse aux “anomalies” des particules quantiques, aux systèmes
“chaotiques” mais aussi aux mystères de la conscience, des phénomènes
de synchronicité montrent peut-être que nous ne sommes pas loin
d'embrasser un nouveau paradigme. D'où l'optimisme du journaliste.
Cette interview complètera à merveille l'entretien que nous a accordé
Withley Strieber, sans doute la victime d'abductions la plus médiatisée
et la plus controversée. On sera loin des profils plus discrets,
timides et sobres des “clients” de John Mack. Voici donc de larges
extraits de cet entretien informel que nous avons eu avec Stéphane
Allix dans un salon de thé du centre de Bruxelles par un pluvieux
samedi d'avril.
Karma One
L'interview de Stéphane Allix par Karma One et Karmatoo
Karmapolis: Comment en êtes-vous venu à vous intéresser au phénomène des abductions extraterrestres ?
Stéphane
Allix: C'est une progression lente, au fur et à mesure que j'ai
découvert le phénomène. L'idée de départ était de faire une émission
sur les “anomalies”, sur des expériences scientifiques en mécanique
quantique, en astrophysique, tous ces domaines très réels et très
concrets de la science qui remettent en question nos conceptions de la
réalité. Ce à quoi nous donnent accès toutes ces dernières découvertes
n'est en fait pas intégré dans notre réalité au quotidien, dans notre
perception de la réalité. Ce sont des nouvelles conceptions des choses
à propos de nos dépendances les uns par rapport aux autres et je
trouvais cela assez fascinant. Moi, j'aime les frontières, j'aime ce
qui remet en question ce que l'on croit être certain. Donc, j'ai
commencé à m'intéresser à ces questions-là avec comme thème sous
jacent, l'hypothèse d'une vie extraterrestre. Une accroche « grand
public » et attrayante. J'ai pris parti, il y a 2 ans de cela, de tout
acheter –tous les livres possibles- aussi bien dans le domaine
scientifique que dans le domaine de la vie extraterrestre. Mais le
phénomène Ovni, extraterrestre était au départ inexistant pour moi. Je
n'avais aucun à priori. J'ai entrepris de lire tout ce qu'il y avait à
lire en France : des choses les plus « rigolotes » comme “les
extraterrestres m'ont expliqué l'Atlandide” à des livres comme ceux de
Pierre Guérin, ceux d'Aimé Michel ou celui de Peter Sturrock et à ma
grand surprise, j'ai découvert que des gens extrêmement sérieux comme
des astrophysiciens, des physiciens, des gens du rapport Cometa. Des
gens donc sérieux existaient et auxquels, moi, en tant que journaliste
d'investigation, je pouvais me raccrocher. Ceux-ci se sont donc penchés
sur le phénomène sans à priori. On s'aperçoit alors qu'il y a un
certain nombre de cas dont l'importance était notable et qui recevait
une explication. Cela m'a fasciné. Au-delà de l'émotion, des préjugés,
de tous les fantasmes, des gens sérieux travaillent manifestement sur
un phénomène sérieux qui demande le plus d'enquêtes possibles…. Après
quelques mois d'étude, je me trouve confronté à un phénomène fascinant,
durable qui n'est pas une illusion ou qui ne se confond pas avec un
aspect culturel causé par exemple par un manque de spiritualité dans
notre société et une nouvelle façon de l'exprimer. Cela n'était pas du
tout ça. Les abductions sont un phénomène réel qui soulève tant de
questions. Il y avait lieu de se demander: « So what… ? Qu'est-ce qu'il
y a derrière ces abductions ? ». Je lis de plus en plus. Il y a un an
et demi, je découvre le livre de Marie Thérèse de Brosse. Mon premier
réflexe a été de le déposer et de ne plus le lire. Mais je me force, je
le lis et je découvre que c'est assez sérieux…
Karmapolis: Vous n'y croyez donc pas du tout au départ ?
Stéphane
Allix : Oui, au départ, quand on me dit qu'il y a des hommes qui ont
été enlevés par des petits êtres qui sont des extraterrestres, je ne
peux pas accepter cela. Je me force donc à lire ces témoignages et ces
livres. Je tombe ensuite sur Bud Hopkins mais surtout sur John Mack .
John Mack m'attire plus. Bud Hopkins a certes 30 ans études et de
recherches avec des enlevés, il a une expertise sur la durée mais c'est
un artiste peintre. Dans mon esprit, cela reste un artiste qui étudie
ce phénomène là. Mais avec John Mack, c'est plus sérieux. C'est un
psychiatre, un prix Pulitzer, c'est quelqu'un qui a pris des risques
professionnels considérables. Et cela m'a fort intrigué. En lisant son
livre, je suis assez surpris par son approche clinique du phénomène et
par les 13 cas au moins qui y sont détaillés. Je suis vraiment très
intrigué. A ce moment là, je venais de faire à nouveau un reportage sur
la drogue pour VSD et un peu dans l'expectative, je propose au
rédacteur en chef de faire un portait de John Mack. A ma grande
surprise, ce rédacteur qui me connaissait un peu de réputation se dit:
«Tiens, il veut faire un reportage sur John Mack, c'est étrange » .
Surtout, je lui présente ce psychiatre comme quelqu'un qui est loin
d'être farfelu et cela l'intrigue aussi. Donc, me voilà parti 10 jours
plus tard pour Boston afin de rencontrer John Mack ainsi qu'un certain
nombre d'enlevés qui avaient été ses anciens patients. Je fais un
premier papier dans VSD. John me semble être une des personnes les plus
crédibles et les plus bouleversantes mais je le répète, c'est un choix
personnel, subjectif. C'est également un point de vue d'écrivain car
j'écris aussi un livre sur le sujet afin de partager cette nouvelle
expérience de façon plus profonde. Au départ donc, je ne suis pas du
tout familiarisé avec ce sujet des enlèvements, j'ignore en fait de
quoi il s'agit. Je suis aujourd'hui convaincu qu'il s'agit d'un
phénomène extérieur aux personnes elles-mêmes et non pas généré par une
sorte de « jus de cerveau » ou je ne sais quel dérèglement pathologique
quelconque. C'est aussi ce que John a exposé. Maintenant, de quoi
s'agit-il vraiment, je n'en ai aucune idée. Est-ce qu'il s'agit
vraiment d'extraterrestres, je n'en sais rien également. Mais la
négation pure et simple, par principe, qu'il se passe quelque chose
auprès de ces gens m'énerve. Je trouve même que c'est malhonnête
intellectuellement parlant. Surtout avec des gens comme John Mack et la
crédibilité personnelle et scientifique qu'il peut amener alors qu'il a
pris le risque de se suicider professionnellement! Car cela a été le
cas.